mardi 14 juillet 2015

Femme tatouée d'Ali Bellagha











Le peintre artisan Ali Bellagua, qui a parcouru l’ensemble du territoire tunisien pour observer le savoir faire des artisans et créer des objets nouveaux, associe encre de chine, gouache, aquarelle, acrylique, huile, collage, monotype, raye sur l’ambre ou sur l’argent…pour continuer à tisser la trame d’un patrimoine qui doit rester en gestation permanente.
Renouant la chaîne interrompue entre le passé et le présent, le sud et le nord, les anciens et les nouveaux, les artistes et les artisans, Il arrange d’une manière ludique écritures, signe et supports techniques et parvient à opérer une synthèse entre création artistique et savoir faire artisanal.
Formé au lycée Carnot de Tunis, puis à l’Ecole des Beaux-arts de Paris, ou il avait suivi une formation pointue à l’atelier de gravure du professeur Bernard Jordan et à l’atelier Canova de céramique, il décida de rentrer à Tunis en 1950, après un lointain périple qui l’a emmené en Chine, en Inde et au Brésil.  
La peinture d’Ali Bellagua, doit beaucoup à Picasso, Chagall et Matisse, mais aussi aux arts primitifs africains. Pour lui l’ingénieuse formule d’Albert Einstein E = MC2 a impliqué un irréversible dépassement du monde de la perspective, en établissant que tous change de couleur, de forme et de matière au fur et à mesure qu’on avance dans l’espace et dans le temps, ce qui a permis à Picasso de découvrir la quatrième dimension ; et aux impressionnistes d’introduire le jeu de la lumière dans la peinture moderne.
L’espace Ali Bellagua à Sidi Bou Saïd retrace l’itinéraire intime d’une personne qui a su alliée audace et courtoisie. Il est aussi le refuge dans une œuvre, ou les émotions et les idées tendent vers une sorte de passion apaisée dans un décor qui traduit le calme et la sensualité. 
Parlant des œuvres et de leurs créateurs, l’esthète français Mikel Dufrenne disait : « La théologie s’interroge si le monde et l’homme ne sont-ils eux-mêmes les produits d’un démiurge transcendant ? L’homme, anxieux d’un autre monde, s’interroge: serais-je jugé sur mes œuvres? Mes œuvres présagent-elles de mon élection ? L’œuvre signifie alors ce que l’homme produit, mais aussi ce qu’il fait et ce qu’il devient en faisant, parce que faire lui est essentiel. »   
Pour chaque peuple il y a l’art et il y a l’artisanat. Chez Ali Bellagua, les matériaux de récupération, sont rassemblés pour ouvrir sur des formes qui matérialisent l’imaginaire. Sans prétention, il avoue devoir tous au hasard et à la chance. Rose de sable affichée sur une tige, ou griffes de notaires transformées en œuvre calligraphique contemporaine, il passa toute sa vie à ramasser des cailloux en méditant profondément la citation de Matisse qui disait : « Si tu veux être peintre commence par te couper la langue », ou celle Edgar Degas « La peinture, c'est très facile quand vous ne savez pas comment faire. Quand vous le savez, c'est très difficile».


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